Il faudrait vraiment que tu vives dans une cave pour ne jamais avoir entendu parler de Sakura la chasseuse de cartes,  le magical girl des années 2000  qui hantait les ondes de M6 après avoir connu un grand succès au Japon aussi bien en papier qu’en animé. Un détour au quartier de Akihabara à Tokyo est amplement suffisant pour se rendre compte que cette série est toujours populaire sur l’archipel nippone,  voir plus qu’une certaine Sailor Moon. Il n’est donc pas rare de trouver des produits dérivés dans les rayons, notamment des figurines et goodies ou bien encore voir briller la série dans différents sondages de popularité auprès des magazines otakus. Il est même d’actualité que pour fêter les 20 ans de la série, qu’elle bénéficie d’un animé remake (comme l’ont connu les chevaliers du Zodiaque et Olivier et Tom).

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L’intrigue de cette série est simple voir ultra banale dans le genre : une gamine au nom de Sakura mène une vie banale auprès de son père veuf et son taquin de grand frère. Un jour de ménage, elle tombe sur l’étrange livre de Clow qu’elle décide d’ouvrir par curiosité et malheureusement s’en échappe une multitude de cartes, mais aussi Kéroberos, le gardien de ces cartes magiques qui lui annonce qu’elle se doit de toutes les retrouver (tu sens l’inspiration de Pokemon). Elle devient alors la chasseuse de cartes aidée de sa meilleure amie Tomoyo (Tiphanie) qui lui dessine tous ses costumes et la filme, mais rapidement elle devra se heurter à un rival de choc : Shaolan Li (Lionel), descendant direct de Clow, le créateur des cartes qui lui aussi a pour objectif de toutes les récupérer. Rivaux au début, ils finiront par se lier d’amitié, s’entraider pur finir par se rapprocher au fil de l’aventure.

Voilà, pour dire la vérité, Sakura Card Captor est un manga qui me tient vraiment à coeur étant donné que c’est grâce à celui-ci que ma passion pour le Japon s’est amplifiée, puis il faut dire que Sakura a été ma première fois :  Premier achat de manga, de figurine, mais aussi de posters. Littéralement, on dit qu’un geek (ou bien un nerd) tombe amoureux d’une héroïne de manga durant son adolescence, perso mon premier coup de coeur était bien évidemment pour la petite Sakura Kinomoto.

Pour expliquer un peu plus le contexte, je suis convaincu que beaucoup de jeunes filles découvrent les sentiments amoureux à l’aide du cinéma, de tête, je pense directement à Ghost ou encore à Dirty Dancing, c’est l’effet Patrick Swayze (Rip) après vint l’arrivé du sex-symbol Johnny Depp, mais ça, c’est une autre histoire. Bref des classiques des années 80, ça me ferait chier de dire qu’aujourd’hui les nanas découvrent les romances avec Twilight ou encore 50 nuances de Grey. Enfin bref, le jeune adolescent que j’étais, a été initié aux sentiments amoureux via le manga Card Captor Sakura. Sans retenu, je te dirais que le support Manga, reste mon humble avis le meilleur en terme de romance, bien plus que la littérature ou le cinéma. Je ne pourrais pas l’expliquer en quelques lignes, certainement le fait que les japonais soient très introvertis dans l’expression de leur sentiments, (c’est assez catastrophique de savoir qu’ils détiennent les record des plus grand taux de célibat, de virginité et d’asexualité), leur procure une imagination débordante et une finesse l’écriture et de dessin afin d’exprimer leurs romances. En tout cas même aujourd’hui, je me laisse toujours bercer d’amour par certains shojo comme I »s, c’était nous, initiation ou encore le célèbre Nana qui est certainement l’un des mangas les plus puissants du Japon au niveau scénaristique, mais aussi le plus maudit car il ne connaîtra jamais de fin vu que l’auteur est en arrêt maladie depuis des années.

Alors oui, tu vas me dire : «Mais Séb tu déconnes, Sakura est un dessin-animée pour enfants ?»

Je te répondrais oui, mais non, car le manga papier est bien plus profond qu’un simple divertissement de M6 Kids. C’est là que mon article devient intéressant étant donné que c’est de cela que je veux parler. On est tous d’accord là-dessus, l’animé a été ringardisé et infantilisé comme beaucoup de mangas (c’est encore souvent le cas aujourd’hui tu me diras) avec la francisation des prénoms, le doublage sous hélium, le remaniement des dialogues jusqu’à aboutir à la censure,  bref tout un mix dans le but de s’adresser à un public de petites têtes blondes alors que non, Card Captor Sakura, c’est bien plus qu’une chasse de cartes, loin de là. Il y a une certaine double lecture à faire de cette série…

Je dirais même plus qu’au fil de ces aventures, le thème central n’est plus la collecte de cartes, mais l’amour et les relations humaines en faisant l’éloge de multiples formes d’amour tel que l’amour fraternel, l’amour d’enfance, l’amour à sens unique pour finir par le grand amour. Après lecture du manga (qui tient sur 12  volumes), on comprend assez vite que la quête des cartes est juste un prétexte, une sortie de fil conducteur qui permet de se concentrer sur les relations de Sakura et de ceux qui l’entourent.

Pour aller plus loin dans mon explication et pour prouver une fois de plus la supériorité des mœurs japonaises aux nôtres, je peux te citer pas mal d’éléments absents de l’animé… du moins censuré voir simplifié. En même temps, ce n’est pas la première fois qu’une oeuvre japonaise est simplifié dès qu’elle franchie les limites de sa frontière, le remake américain de la série japonaise Ring est l’exemple concret en terme de simplification scénaristique (pour ne pas trop chauffer le cerveau des bouffeurs d’hamburgers).

Tandis qu’il y a encore peu de temps, on manifestait pour le mariage pour tous, qu’on débattait sur l’éducation de nos enfants à propos de l’enseignement, enfin plutôt à apprendre aux enfants à tolérer l’homosexualité en abordant le sujet des « genres » (putain ne me demande pas de faire cinq chapitres sur l’évolution des genres), Et bien il faut savoir qu’en 1996, un manga tout public, publié dans un magazine d’adolescentes, comme Sakura Card Captor mettait en scène des relations homosexuelles tout d’abord masculine entre Toya le grand frère de Sakura et son meilleur ami Yukito (qui par amour lui donne ses pouvoirs). Ensuite l’homosexualité féminine de Tomoyo, la meilleure amie de Sakura, mais pas que, car elle est amoureuse de cette dernière (Sakura trop naïve, ne s’en rend jamais compte) sans parler de la relation pédophile entre Yoshiyuki Terada, professeur de Sakura et Rika Sasaki, son élève et camarade de classe de Sakura . Des relations qui furent complètement censurées dans l’anime, et remplacées par quelque chose de plus « convenable » on va dire…

Toutes ces relations sont présentées comme les vivent les personnages, CLAMP (les auteurs féminines de Sakura) évitant avec précaution de passer un jugement sur le bien-fondé de ces relations… Particulièrement sur la relation entre l’élève de primaire Rika Sasaki et son professeur, Yoshiyuki Terada, qui est présentée de manière à paraitre mignonne et innocente, ou qui peut être vue, en y regardant de plus près, comme une histoire perturbante de pédophilie…

Tu vois, difficile d’imaginer que des choses comme celle-ci franchise les barrières de la télévision française. Déjà qu’on ne peut plus allumer une clope ou montrer un sein nue devant une caméra sans créer une polémique… On peut dire ce que l’on veut, mais plus les années passent, et plus on devient un pays franchement conservateur. Par contre cela dérange personne que la prostitué deluxe (entretenue par l’état) Nabilla éduque les gamines sur NRJ2, rien de choquant là-dedans.

Bref, Sakura Card Captor est indéniablement un manga culte qui a marqué toute une génération d’enfants dans les années 2000. Le style de CLAMP et les personnages sont attachants et font de cette série un plaisir à visionner encore aujourd’hui, malgré les différences notables entre le manga et l’anime. Et franchement, c’est l’une des meilleurs publicité de l’office de tourisme du Japon via la multitude de paysages et que dire de bande sono de l’animé ? Top de chez top !