Ce qui est vachement chouette lorsque je débarque à Paris à huit heures du mat, c’est qu’il y a toujours des expositions attrayantes à visiter et de nouveaux coins pour déambuler, qu’importe leur endroit, à dos de ma monture en forme de bat-vélo, je ne crains personne, encore moins les kilomètres !
Enfin presque personne, car il y a toujours le roi de démons pour faire son intéressant, coupable de faire dérailler mon vélo 30 minutes avant le départ de mon train alors que je suis à Nation et que je dois encore me taper Bastille et République avant d’arriver Gare du Nord ! Long combat qu’est le mien contre lui, mais ça c’est une autre histoire comme chantait Gérard Blanc (à ne pas confondre avec Michel). Après tout c’est peut-être cela que sont écrites les belles aventures, il faut toujours un petit grain de sable, une petite pincée de stress pour provoquer une dose d’adrénaline après avoir passé un bon moment. Indiana Jones ne s’y trompé pas, il se fait quand même courser par une boule géant après avoir finalement trouvé son trésor, ou c’est comme une capote qui pète après une séance de sexe et de multiples jouissances enfin j’espère, je ne sais plus moi (Glamour 0 – Séb 1). Enfin, même les mains pleines de graisses de vélo et le visage en sueur après un sprint final, je déjoue les plans machiavéliques avec un large sourire en repensant que comme à chaque fois, j’étais à cinq minutes près de rater mon train après une très bonne journée à Paris, mais revenons à nos moutons.
Des fantômes, des démons et des chats baignés dans le continent asiatique, il ne m’en fallait pas plus pour me rendre à la première heure au musée des Quais Branly situé à quelques pas de la tour Eiffel et de la Seine évidemment.
Cette exposition éphémère (qui se termine déjà au mois de Juillet) est assez étonnante ou terrifiante pour certains, car outre l’aspect folklorique de la mythologie japonaise, chinoise et thaïlandaise, l’expo arbore aussi en détail les créatures fantastiques, l’historique du Japon, les contes, mais aussi les films d’horreur ayant inspirés la création de ces mythes. Il faut bien avouer que cette mixture terrifiante de sang et de surnaturel est bien organisé et très complète, il y a rien à redire, chapeau bas les artistes, en plus le parcours n’est pas trop linéaire (il y a de quoi faire) et permet aux visiteurs les plus curieux comme moi de comprendre un peu mieux la construction des films d’horreurs via que j’adore : les J-horror avec en tête la mythique trilogie Ring (inutile de causer du daubesque remake américain le cercle, bien plus populaire que l’œuvre originale, un comble de plus dans ce monde) sans parler forcément de leur influence dans le monde (sisi) qui ont inspiré l’univers de la littérature, du manga, du cinéma et même du jeu-vidéo. J’ai encore le boxer mouillé en repensant au jeu Project Zero se déroulant dans des temples japonais maudits où notre seule arme est le flash de notre appareil photo et la mini-jupe de notre protagoniste en tenue de lycéenne…
L’exposition est déclinée en trois grands thèmes : D’abord, la présentation des enfers appelés Diyu dans la religion bouddhiste dirigés par le Satan local le majestueux Yanluowang accompagné de ses sbires juges présents pour juger les damnées en dictant les peines à infliger.
C‘est certainement les fonctionnaires les plus chanceux de la galaxie et ici, on ne déconne pas alors aucune pitié pour les voleurs, les criminels et les infidèles que l’on torture à volonté, à répétition et pour toute la vie ! A la vue de l’extrême organisation du Diyo, difficile de ne pas penser que le célèbre écrivain Dante Alighieri ne s’en est pas inspiré pour créer son propre enfer constitué de multiples étages pour chacun des péchés dans son œuvre Enfer (Divine Comédie).
Petit big up à ma torture préférée : l’arbre à épines (dont j’ignore le nom malheureusement) sur lequel sont condamnés à grimper les âmes damnés sous peine de se faire défoncer la gueule s’ils tombent au sol. Je suis convaincu qu’avec un peu d’entraide, on peut s’en sortir, mais ça reste mon avis !
Ensuite, on passe au chapitre des fantômes évidemment maléfiques qui reviennent hanter les vivants afin de réparer un péché ou simplement se venger par pur plaisir. J’en profite pour te faire partager deux fantômes japonais mythiques tout à fait sympathiques et présentables lors de repas de famille :
La Kaibyô
Un esprit vengeur mi-femme mi-chat qui est invoqué lors d’une tragédie, genre le suicide d’une fille après avoir été abusé sexuellement. Le plus ironique, c’est que celle-ci peut être invoqué par les sales bêtes de chats ! via une cérémonie à la Nosferatu, où ce dernier plante ses crocs dans le corps de sa défunte maîtresse pour y prélever son sang. Comment ne pas y voir un clin d’œil de Tim Burton dans le film Batman 2 le défi dans lequel le personnage de Michelle Pfeiffer, pauvre secrétaire tuée par son patron, revient à la vie à l’aide de morsures de chats afin de devenir la célèbre Catwoman et accomplir sa vengeance.
Oiwa, la mère de tous les fantômes
Tout vient d’une histoire ayant potentiellement existé colportée à l’époque Edo à Kyoto (qui était la capitale de l’archipel japonaise). Une période de paix à la fin du XIXe siècle où tous les clans et régions nippons étaient unifiés. Les samouraïs n’avaient donc plus de raisons de se battre. Moment de culture, c’est de cette époque historique que vient le terme ronin, aujourd’hui entendu pour désigner les étudiants japonais sans université (généralement ceux n’ayant pas réussis les concours d’entrée). Bref ce sont ces samouraïs errants et sans maître qui donna aussi naissance aux premiers yakuzas.
Dans cette jadis légende, Lemon, un samouraï (donc sans taf), était fasciné par la très grande beauté d’une musicienne, et finit même par l’épouser. Pas de bol pour ce dernier, car quelques semaines plus tard, le seigneur local se mit à la recherche d’un gendre à qui marier sa fille répondant à certains critères comme l’honneur et le respect, pile poil correspondant aux codes des samouraïs.
Lemon l’opportuniste en recherche de confort se prend donc la tête entre deux mains, étouffé par un sentiment de précipitation et de doutes comme lorsqu’on prend des frites au mc do alors qu’après réflexion on aurait préféré des potatoes ! Trop tard c’est commandé ! c’est ballot !
A l’évidence, il était certainement plus avantageux pour lui d’accéder à une famille riche et aristocratique, et pour cela, il devait rapidement se débarrasser de son épouse… Mets tes lunettes 3D car on se croirait dans un épisode de Faites entrer l’accusé car notre ronin va décider d’empoisonner, faire violer et défigurer son épouse ! La pauvre femme finit par devenir folle et se suicide. Mais elle va revenir d’entre les morts pour réclamer justice et se venger.
On peut certainement faire le parallèle avec la mythique Sadako qui jetée dans un puit, décide de se venger via des VHS. Tu peux trouver une adaptation de cette histoire avec le mythique film : Histoire de fantôme japonais datant de 1959, on le trouve facilement en vostfr. Je le conseille fortement car on y trouve les pré-quelles de l’horreur entre angles de caméra et trucages assez prémonitoire pour l’époque.
Bien sûr, je ne cite que les deux histoires de fantômes les plus populaires. La dernière partie de l’exposition est dédié aux rites funéraires et au culte des esprits qui permettent de convertir les défunts en entités bénéfiques sous peine qu’ils partent en couille et viennent se venger chez toi sous ton lit !
Voilà, une exposition efficace, peu onéreuse et intéressante. Comme d’habitude j’ai tellement été absorbé parce ce qu’il y avait sous mes yeux, que j’ai vite délaissé l’action de prendre des photos. Le plus bête c’est que je n’ai même pas noté tous les films cultes cités dans le dédale de l’expo.
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